Les 500 suppressions de postes inscrites dans le projet de loi de finances pour 2025 ne passent pas chez les syndicats de France Travail. « La coupe est pleine » pour ses organisations de salariés qui ont tenu une conférence de presse, où pas une ne manquait à l’appel. Elles y ont annoncé le lancement d’une pétition et, pour 8 sur 10 d’entre elles, un appel à la grève le 5 décembre.
« Le personnel n’est déjà pas suffisamment nombreux pour ce qu’on nous demande de faire […]. L’équation est intenable », a insisté Guillaume Bourdic, de la CGT. S’y ajoute le fait que « la conjoncture est en train de se retourner », ce qui va provoquer « un surcroît de travail », a complété Vincent Lalouette, de la FSU. Pour les représentants des quelque 54.000 salariés de l’opérateur public, cette baisse d’effectifs est jugée d’autant plus inacceptable qu’elle va s’accompagner d’une diminution des moyens et d’une augmentation des missions avec « derrière, une augmentation de la sous-traitance ».
Crainte d’un bug massif
Ils soulignent que la « stabilité » du budget de France Travail affichée par le gouvernement étant en euros courants, elle cache en réalité une « baisse mécanique ». Et ce, alors même que les deux tiers du financement de l’opérateur proviennent des recettes de l’Unédic, très sensibles à la situation du marché de l’emploi, qui est en train de se dégrader.
Dans ce contexte, les organisations de salariés voient d’un mauvais oeil se profiler une année salariale blanche, alors que « les agents ont perdu du pouvoir d’achat puisque, entre 2018 et 2023, il y a eu 5,5 % d’augmentation générale pour 16,3 % d’inflation », a souligné Natalia Jourdin, de Force ouvrière, ajoutant que « le premier échelon de classification des agents de droit privé, celui des agents d’accueil, est passé sous le SMIC. »
Les syndicats craignent, en outre, un bug massif dès janvier prochain alors que devrait entrer en vigueur la nouvelle réforme de l’assurance-chômage (dont la négociation doit s’achever mi-novembre), en même temps que l’inscription automatique des allocataires du RSA à France Travail assortie de l’obligation de justifier de quinze heures hebdomadaires d’activité. La direction a elle-même chiffré à un petit millier le nombre de postes supplémentaires à temps plein nécessaires pour assurer la montée en charge de la réforme, telle que prévue par la loi, selon nos informations.
« Gare de triage »
Cet énorme chantier inscrit dans la loi pour le plein-emploi du 18 décembre 2023 qui a rebaptisé Pôle emploi doit en effet démarrer le 1er janvier 2025. Il va « augmenter de 170 à 180 personnes les portefeuilles de demandeurs d’emploi actuellement suivis par les conseillers », évalue Catherine Laumont, de la CFDT. Elle demande au nom de l’intersyndicale « a minima le report de la réforme » qui va transformer l’opérateur public en une « gare de triage » entre les différents intervenants : l’opérateur lui-même, les missions locales, dont le budget est en baisse, les Cap emploi (pour les travailleurs handicapés), les départements, mais aussi les opérateurs privés de placement et les agences d’intérim, ce que critiquent les organisations de France Travail.
Outre la pétition lancée par l’intersyndicale, le mouvement de grève des syndicats de France Travail le 5 décembre aura valeur de test sur le climat social. Si la CFDT et la CFE-CGC ne s’associent pas aux autres organisations, qui vont de la CGT au Syndicat des travailleurs corses, ce n’est pas parce qu’ils le réprouvent mais parce qu’il intervient « un peu trop tôt ».
https://www.lesechos.fr/economie-france/social/les-syndicats-de-france-travail-denoncent-la-baisse-des-moyens-2130053
Article de Presse : LES ECHOS 2024 (Geoffroy VAN DER HASSELT/AFP)
Par Leïla de Comarmond. Publié le 6 nov. 2024 à 16:08